Fest-Noz à Châteaneuf-du-Faou - La Bretagne en fête

En remontant la jolie route verdoyante de l’Aulne, vous arriverez après avoir traversé Pleyben et son enclos paroissial en vue de Châteauneuf-du-Faou, une jolie bourgade du Finistère environnée de verdure et traversée par le cours d’eau de l’Aulne qui accompagne notre parcours depuis Châteaulin ; ici encore beaucoup d’églises et de chapelles à voir comme dans toute la Bretagne, mais ce n’était pas notre but.

Châteauneuf-du-Faou - Finistère

Danses et chants traditionnels

Les festivités rurales

Il faut savoir que le peuple breton est très festif et ne manque aucune occasion de faire la fête dans chaque village à chaque fin de semaine, manière de se retrouver entre gens du pays mais aussi de faire participer les touristes à de vieilles coutumes traditionnelles locales où la danse, la musique, le chant et le chouchen sont étroitement liés.

Le tempo de la Bretagne

Le Fest-noz ou Fête de nuit et le Fest-Diez durant la journée, ravivent les anciennes traditions des festivités rurales qui avaient lieu dans toute la Bretagne à l’occasion de noces, mais aussi de travaux communautaires comme les moissons, ou durant le tassage du sol de la maison dont on rénovait la terre battue en dansant dessus avec des sabots pour en aplanir la nouvelle argile.
La danse servait alors de lien fraternel et rendait les travaux moins pénibles : on joignait l’utile à l’agréable.
Ces danses étaient animées par des sonneurs ou chanteurs, les musiciens, souvent amateurs, jouaient à l’oreille sur des instruments rudimentaires mal accordés : biniou, bombarde ; on leur demandait de jouer pendant des heures et ils avaient juste le droit de… boire.

La Gavotte ou le Jabado

Chaque terroir avait sa danse bien à lui, avec son propre rythme ; les plus classiques étant : la Gavotte, le Jibidi stoupig ou le Jabado. Ces danses traditionnelles se pratiquant le plus souvent en lignes, face à face ou bien en cercles, bras-dessus, bras-dessous en martelant les pas et sans se quitter des yeux. C’était alors le moment pour les hommes de montrer leur virtuosité et leur adresse et l’élégance et la grâce pour les femmes.

Tout un pays qui se serre les coudes

Tous les âges se retrouvaient dans ces fests locales et rurales, les vieilles gens y prenaient part aussi bien que les enfants auxquels on apprenait à danser dès leur plus jeune âge ; chacun étant fier de sa propre communauté et raillant un peu celle d’à côté.
Ces traditions festives s’étaient un peu perdues après la guerre mais depuis une trentaine d’années ces Fest-Noz sont revenues à la mode et sont à nouveau très prisées, même des jeunes, afin de transmettre chansons anciennes et musique traditionnelle d’une génération à l’autre.

Un spectacle envoûtant

Ce soir là, nous étions sidérés par le spectacle qui s’offrait à nos yeux et auquel nous n’avions jamais assisté.
Deux mille personnes tous âges confondus (certaines Fest-Noz rassemblent jusqu’à 7000 danseurs) réunies dans une salle immense ont dansé d’un bout à l’autre de la nuit sans s’arrêter, portées par une même énergie, au-delà de leur fatigue, reconnaissant les danses de leur terroir dès les premiers accords musicaux donnés par les sonneurs et se mettant alors en cercles ou en lignes pour les exécuter.

Une osmose entre danseurs et musiciens

Une véritable osmose se créait entre danseurs et musiciens et la communication passait entre eux par des codes inconnus aux autres ; ces danses sont divisées en trois mouvements : rapides, puis lents puis rapides à nouveau pour permettre aux exécutants, aux sonneurs et aux musiciens de se reposer entre deux séquences vives.

Une danse hypnotique

Danses hypnotiques que nous regardions depuis le balcon de la régie, martèlement cadencé, lancinant et envoûtant produit par les pieds des danseurs ; rondes et sarabandes se faisant et se défaisant sur le rythme syncopé insufflé par les chansons des sonneurs et les accords de la musique.
Tous les participants, reliés les uns aux autres, bras dessus, bras dessous, ne faisaient plus qu’une seule chaîne ininterrompue, remplissant tout l’espace de l’immense salle où ils évoluaient, tel un long et souple serpent, se faisant face à face tour à tour, les yeux dans les yeux.
Le martèlement de leurs pieds scandait la cadence de leurs danses ondulatoires, soutenues par les sons des bombardes et des binious, recouverts par leurs cris poussés en chœur pour exprimer leur contentement aux musiciens et aux chanteurs.

Un spectacle de transe

Nous ne nous lassions pas de regarder ce spectacle de transe, fascinant, imprégné de force, de liesse, d’entraide et de solidarité qui émanaient de ces danses populaires traditionnelles dans lesquelles toute l’âme bretonne avait l’air de ressurgir tout à coup à travers ces pas simples et complexes à la fois.
Nous étions subjugués et chaque fois que nous y pensons nous en avons encore des frissons !

Nous n'oublierons jamais ce moment

Nous remercions Yanna, la preneuse de son bretonne de cet événement festivalier qui nous a permis d’y assister, ainsi que le Bagad de Plomodiern qui nous l’avait indiqué car, grâce à eux, nous avons passé une formidable soirée que nous ne sommes pas près d’oublier.
Nous vous conseillons d’en faire autant si d’aventure un Fest-Noz se présente à vous : les grands rassemblements comme celui que nous avons vu sont surprenants mais les plus petits sont plus conviviaux et tout le monde voudra vous y apprendre à danser la Gavotte au son du biniou avec un bon petit coup de Chouchen (sorte d’hydromel) ou de Lambig (eau-de-vie de cidre) à boire bien sûr avec modération.

Qui aurait pu croire que Le Guide du Flâneur, lors de sa création en 2010, serait encore d’actualité aujourd'hui.

Nous pensions que, nous tous, habitants de la planète, connaissant la situation décrite par les multiples rapports du GIEC, nous allions forcément revoir notre façon de découvrir le monde.

Nous savions pertinemment que découvrir la France en pratiquant un tourisme alternatif et solidaire intéresserait peu.
Pensez donc, un tourisme où l’on part près de chez soi, à pieds, pour rencontrer le paysan du coin ! Alors que des vacances réussies c’est traverser la planète pour plonger dans les eaux bleues d'une piscine.
Mais l’idée était de proposer un contrepoint, une proposition touristique qui nous amène à nous questionner sur notre façon d’habiter le monde.

Aujourd’hui, 1,8 milliard de touristes sillonnent la planète. Chaque jour 150 milles avions décollent dans le monde. On construit des bateaux de croisières emportant à leur bord 10,000 personnes. Les grands sites touristiques agonisent.

Et tout ça pourquoi, pour qui ?

En 2019, les 170 milliards d’Euros générés par le tourisme en France ont profité aux Compagnies aériennes, groupes hôteliers, voyagistes ou industrie agro-alimentaire.

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Date de dernière mise à jour : 09/10/2024

La fest noz à Châteauneuf-du-Faou