Le cidre de Fouesnant | Les producteurs de Menez Brug

Allons à la rencontre de ce territoire sauvage et méconnu constitué de vergers de pommiers où se trouve le Menez-Brug où la famille Goenvec est dévouée à la production de cidre depuis 1982.
Longtemps déprécié, le cidre fut remis à l’honneur par un groupement de producteurs locaux en réimplantant dans toute la Cornouaille un nouveau verger réinventé à partir de variétés de pommes anciennes et locales.

Fouesnant - Finistère

La cidrerie du champ de bruyère

Depuis, ce cidre a obtenu des AOC et des AOP et il est devenu un des fleurons de l’artisanat cidricole français, il est produit sur 38 communes de Cornouaille dont celle de Fouesnant et serait "le meilleur cidre du monde" d’après un dicton local.
C’est par une petite route bordée de haies protégeant et cachant les vergers de pommiers que nous avons trouvé non sans mal la cidrerie de Menez Brug (champ de bruyère), une bonne adresse, non loin de la pointe de Beig Meil. Ici, pas besoin de trop de panneaux publicitaires car l’exploitation de Mr Goenvec est bien connue et son cidre réputé pour être l’un des meilleur de Bretagne; le responsable en question n’était pas là aujourd’hui et ce sont ses deux enfants qui nous ont reçu.
Stéven, son fils et Lenaïg, sa fille, nous ont alors expliqué qu’ils avaient repris à tous les deux l’exploitation familiale en 2013 et qu’ils s’en occupaient maintenant avec leur père.

Une entreprise familiale

Mr Goenvec, ancien contrôleur laitier, a remis en exploitation, à partir de 1982 des vergers de pommiers sur les 8 ha dispersés de ses terres familiales. Il a d’abord obtenu une petite production en activité secondaire qui depuis s’est intensifiée au point de requérir aujourd’hui le travail de trois personnes à plein temps.
Son fils a suivi une formation en Normandie pour apprendre à faire le cidre et sa fille a abandonné son envie d’être institutrice pour devenir paysanne et fière de l’être sur ce territoire de Fouesnant qu’elle aime tant.

Des variétés de pommes locales et anciennes

Ils sont 4 producteurs sur ce canton à travailler encore avec des variétés de pommes locales anciennes : pommes amères, douces-amères ou acidulées comme « la Peau de chien, la douce Moën ou la Guillevic », toutes spécifiques à ce terroir breton et donnant une typicité particulière au cidre qui en résulte.
Pour ne pas que ce cidre de terroir disparaisse, la famille Goenvec se livre à un vrai travail d’alchimiste, en effet ce goût et cette qualité, très différents des cidres conventionnels pasteurisés, celui de Cornouaille le tient des savants mélanges et dosages des diverses variétés de pommes qui rentrent dans sa composition.

Un travail ancestral

Mais ce n’est pas que cela et cette production locale exige une charte précise : pas d’irrigation, pas d’engrais azotés, un ramassage manuel des pommes au sol (les fruits devant mûrir au moins 3 semaines à l’abri) avant d’être triées, lavées, broyées et finalement pressées vers la fin décembre pour en extraire un beau jus roux naturel, équilibré en goût et possédant une pointe d’amertume.
L’interdiction de la pasteurisation et de la gazéification artificielle ne font que rajouter un peu plus d’atouts à ce breuvage fruité et naturellement pétillant, lentement fermenté durant l’hiver (3 à 6 mois) pour être ensuite mis en bouteille et vendu durant la période touristique estivale.

Le Pommeau

La petite exploitation familiale produit aussi du Pommeau, l’apéritif breton par excellence, issu d’un mélange de jus de pommes à cidre avec de l’eau de vie de cidre appelée « Lambig », ajouté ensuite à de l’alcool titré à 17°, le tout étant mis à vieillir en fût de chêne durant 3 à 4 ans, durant lesquels il obtient ses arômes et sa belle couleur ambrée caractéristique.

Distribué localement

Le cidre non pasteurisé est une boisson qui ne se garde pas et qu’il faut boire dans l’année. Celui de Menez Brug, quant à lui, n’a pas le temps de vieillir puisqu’il est entièrement vendu localement et rapidement, soit en direct sur l’exploitation ou bien dans des crêperies, des caves à vins ou encore dans les grandes surfaces du Finistère qui jouent la carte de la mise en valeur du produit local de qualité, ce qui n’est pas partout le cas.

Un savoir-faire précieux

Lenaïg et Stéven savent qu’ils détiennent tous deux un savoir-faire précieux et s’attachent à ce que ce cidre du terroir Fouesnantais ne disparaisse pas. Comme beaucoup d’autres jeunes bretons de Cornouaille, ils revendiquent leur appartenance à ce territoire qu’ils aiment et dont ils perpétuent les traditions à travers les cercles de danses (groupes folkloriques), les fest noz, les bagads (groupes musicaux) ou les Pardons auxquels ils participent en costumes traditionnels de fêtes depuis qu’ils sont enfants.
Nous les avons laissé continuer leur journée après avoir dégusté leur production dans la salle de vente de la cidrerie aux murs tapissés de coupes et de médailles d’or et d’argent obtenues pour la qualité, la typicité et l’authenticité de leur travail artisanal.

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