La buvette de Pors Théolen

Nous allons à la rencontre de Françoise qui nous attend dans son commerce à Cléden-cap-Sizun : la buvette de Pors-Théolen. Un commerce indépendant situé dans un des coins peut-être le plus sauvage et le plus beau de la Bretagne.
Elle se situe au bout d’une petite route, juste à coté de la pointe de Brézellec, après avoir dépassé celle du Van et avant d’arriver à la réserve du Cap Sizun, dans le département du Finistère, qui à fond de cale va se perdre dans l’Océan, ici se trouve la minuscule crique de Pors-Théolen et la buvette du même nom.

Cléden-Cap-Sizun - Finistère

Rencontre avec les bretons habitués de Pors Théolen

Ici, juste le bruit du ressac venant se briser sur les rochers noirs de goémon, le cri des goélands l’accompagnant et les habitués du lieu venant chercher là, dans ce bar, au bout de rien du tout, un moment de calme et de convivialité.
La grosse tempête bretonne de l’hiver dernier a malheureusement balayé la petite plage de sable fin dont il ne reste plus rien.

Il y avait 37 cafés en 1935 à Cléden-Cap-Sizun

Sur cette commune de Cleden Cap-Sizun, la mère de Françoise avait bâti de ses mains il y a 80 ans la maison actuelle dans laquelle elle avait ouvert aussitôt un petit bar pour le bonheur des pêcheurs locaux qui venaient mettre leurs barques à l’abri de la crique.
A cette époque d’avant-guerre (1935) il y avait 37 cafés comme celui de Françoise sur la commune, aujourd’hui ils ne sont plus que quatre et la population n’est plus la même non plus. Toutes les fermes dispersées sur la lande ont disparu et les petits troupeaux familiaux de chèvres et de moutons qui entretenaient les sols n’existent plus.

Gens du cru et nouveaux venus

Les gens du pays ont préféré vendre leurs vieilles maisons en pierre aux parisiens et aux étrangers pour s’en faire construire "des plus belles" à coté, avec le montant de la vente.
La cohabitation ne se passe pas toujours bien avec les gens du cru et ces nouveaux venus : "ces écolos ratés" qui ne supportent pas le chant du coq, le son des cloches et l’odeur du fumier, eux, qui toute l’année vivent dans un Paris pollué et bruyant… mais on fait avec.

Françoise et les brèves de comptoir

Françoise s’accroche malgré tout à sa buvette qui lui assure un petit revenu avec, durant l’année les autochtones familiers qui viennent s’entretenir chez elle des nouvelles du pays ; puis vient le temps des estivants qui font souvent fuir les premiers, en attendant que l’automne arrive et qu’ils puissent revenir se raconter à nouveau quelques brèves de comptoir.

La buvette de Pors-Théolen est une histoire de femmes

La fille de Françoise lui donne un coup de main et reprendra la licence du bar après sa mère; cette buvette de Pors-Théolen est décidemment une histoire de femmes depuis trois générations, mais que serait la Bretagne et les hommes bretons sans leurs femmes !
Tout est resté tel quel depuis le début de l’aventure commerciale.

Salle de bar éclatante, meubles bretons et vue sur l'horizon maritime

Un petit coup de peinture blanche, de temps en temps, pour redonner propreté et éclat à la salle de bar. Un coup de chiffon sur les vieux meubles bretons auprès desquels on se sent bien en toutes saisons. Pour l'accueillante terrasse sur laquelle vous resteriez des heures à contempler cette vue unique sur l’horizon maritime, c'est le vent du large qui la maintient.

Une bonne adresse que l'on quitte à regrets

Une bonne adresse à retenir pour venir boire un petit coup loin de la foule, en compagnie de Françoise et de ses souvenirs du temps où Pors-Théolen était peut-être un peu plus vivant que maintenant. Mais qu’importe, c’est ici qu’elle est bien, sur son coin de terre accroché à la mer avec son vent, son ciel, son soleil, ses tempêtes et ses habitants qui l’aiment tant !

Qui aurait pu croire que Le Guide du Flâneur, lors de sa création en 2010, serait encore d’actualité aujourd'hui.

Nous pensions que, nous tous, habitants de la planète, connaissant la situation décrite par les multiples rapports du GIEC, nous allions forcément revoir notre façon de découvrir le monde.

Nous savions pertinemment que découvrir la France en pratiquant un tourisme alternatif et solidaire intéresserait peu.
Pensez donc, un tourisme où l’on part près de chez soi, à pieds, pour rencontrer le paysan du coin ! Alors que des vacances réussies c’est traverser la planète pour plonger dans les eaux bleues d'une piscine.
Mais l’idée était de proposer un contrepoint, une proposition touristique qui nous amène à nous questionner sur notre façon d’habiter le monde.

Aujourd’hui, 1,8 milliard de touristes sillonnent la planète. Chaque jour 150 milles avions décollent dans le monde. On construit des bateaux de croisières emportant à leur bord 10,000 personnes. Les grands sites touristiques agonisent.

Et tout ça pourquoi, pour qui ?

En 2019, les 170 milliards d’Euros générés par le tourisme en France ont profité aux Compagnies aériennes, groupes hôteliers, voyagistes ou industrie agro-alimentaire.

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